6ème prédication du père Jean-Luc Garin

 

La Pentecôte

 (résumé)

 

Le passage que nous venons d'écouter souligne que les apôtres sont réunis autour de Marie, juste avant la Pentecôte : "Arrivés dans la ville, ils montèrent à l'étage de la maison ; c'est là qu'ils se tenaient tous : Pierre, Jean, Jacques et André, Philippe et Thomas, Barthélemy et Matthieu, Jacques fils d'Alphée, Simon le Zélote, et Jude fils de Jacques. D'un seul coeur, ils participaient fidèlement à la prière, avec quelques femmes dont Marie, mère de Jésus, et avec ses frères." (Actes 1,13-14)

 

Il y a comme un parallèle avec l'Annonciation : "L'Esprit-Saint viendra sur toi" avait dit l'Ange à Marie. Marie aide les apôtres à se préparer à recevoir le don du Saint-Esprit.

 

Le don de l'Esprit avait envoyé Marie en mission et elle avait chanté son "Magnificat" ; à la Pentecôte également les apôtres sont envoyés en mission et ils "publient les merveilles de Dieu".

Cette neuvaine a été comme un petit cénacle, et ce soir, nous sommes à notre tour envoyé en mission pour "publier les merveilles de Dieu."

 

On retrouve le thème de la joie qui nous a accompagné toute cette neuvaine.

 

Demandons la grâce "d'une lange de feu" pour pouvoir communiquer à notre entourage le feu qui nous habite, la joie de notre foi. Attention, comme nous le dit Saint Jacques, la langue peut être aussi de feu, mais elle peut faire des ravages... (Epîtres de Jacques 3,5). Ne nous trompons pas de langue de feu.

Saint Philippe Néri nous donne un bel exemple à ce sujet... Ecoutons un de ses célèbre fioretti qui s’est déroulé à Rome. Une femme "pieuse", mais un brin bavarde, vient se confesser régulièrement à lui. C'est toujours la même chanson : -­‐ Mon Père, j'ai péché par médisance ... Mon Père j'ai calomnié. Un jour, le Saint, flairant la confession de routine sans grande contrition, lui donne comme pénitence d'acheter une poule, de la tuer, et de parcourir la ville en répandant les plumes en chemin. Très étonnée, la pénitente s'exécute. Une semaine plus tard, cette femme retourne au confessionnal. Même routine. Le saint confesseur lui donne alors comme pénitence de refaire le même chemin que la semaine précédente en ramassant toutes les plumes qu'elle avait répandues. -­‐ C'est impossible, objecte la dame, elles se sont envolées ! -­‐ C'est la même chose quand nous disons du mal... alors, ne nous trompons pas de "langue de feu"...

 

Après le don de la Pentecôte, nous voyons les apôtres "fidèles à écouter l'enseignement des Apôtres et à vivre en communion fraternelle, à rompre le pain et à participer aux prières." (Actes 2,42). Cela nous donne 4 repères pour vivre du don de l'Esprit-Saint, pour alimenter le feu...

 

J'aime beaucoup la façon dont le pape Jean-Paul II traduisait "en français courant" cette intuition. Il s'adressait à des jeunes qui venait de vivre leur confirmation... mais cela peut s'adresser à nous, pour nous aider à vivre après cette neuvaine : "Votre confirmation d’aujourd’hui est votre Pentecôte pour la vie ! Réaliser la gravité et la grandeur de ce sacrement. Quel sera votre style de vie désormais ? Celui des Apôtres à la sortie du Cénacle ! Celui des chrétiens de toute époque, énergiquement fidèles à la prière, à l’approfondissement et au témoignage de la foi, à la fraction du pain eucharistique, au service du prochain et surtout des plus pauvres."

 

Ces repères sont intéressants, ils soulignent :

- L'importance de la prière 

- les 2 mouvements complémentaires, approfondir et témoigner de sa foi. Nous avons vu que l'accueil et le don (Annonciation/Visitation ; les bergers... ils reçoivent l'annonce/ils racontent...).

- l'importance de l'Eucharistie : c'est une vraie nourriture, un pain qui nous aide pour la route (et non une récompense qui valide une sorte de parcours sans obstacles).

- l'attention aux petits, aux pauvres, aux malades...

 

Je termine, en évoquant la phrase de Jésus sur la Croix : "Voici ta mère"; C'est la conclusion que je vous propose pour cette neuvaine. Et je laisse surtout le Bienheureux Charles de Foucauld nous aider à prendre la mesure de cette parole, prononcée par Jésus sur la croix...

 

« ‘Voici ta mère’. Ceci s’adresse à chaque âme. Tous, nous devons traiter la sainte Vierge comme notre mère, lui rendre les devoirs qu’un bon fils doit à une très bonne mère : affection, honneur, service, confiance, en un mot, tout ce que Notre-Seigneur lui-même rendait à la Très Sainte Vierge. Aimons-la, honorons-la, entourons-la en nous entretenant avec elle dans la prière ; servons-la en aidant de notre mieux à toutes les œuvres qu’elle favorise, à toutes celles qui sont entreprises en son honneur; ayons en elle une confiance absolue et invoquons-la, sans hésiter, avec cette confiance, en tous nos besoins, en tous nos désirs, toutes nos entreprises, toutes nos œuvres, toutes nos actions, en un mot, faisons pour elle tout ce que faisait Notre-Seigneur quand il était en ce monde, autant que cela nous est possible, montrons-nous envers elle les plus tendres des fils, nous souvenant que c’est là un point essentiel d’obéissance à Jésus et d’imitation de Jésus ; d’obéissance puisqu’il nous l’ordonne si formellement et si solennellement, du haut même de la Croix ; d’imitation car il fut toujours pour sa mère le modèle des fils… (Il est évident, d’ailleurs, que nous, qui aspirons à être les frères de Jésus, nous ne pouvons le devenir qu’à condition de nous montrer et d’être vraiment les fils de Marie : pour être le frère de Jésus, il faut de toute nécessité être fils de Marie)»

 Bienheureux Charles de Foucauld, « Méditation sur l’Évangile (Jn 19, 27) » in Œuvres spirituelles, Seuil, 1980, p. 280-281.

 

                                                      Jean-Luc Garin

                                                             Supérieur du séminaire de Lille

 

Article publié par Doyenné de Cambrai • Publié le Mardi 27 août 2013 • 2277 visites

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