Homélie de l'abbé Gérard Dewailly

Dimanche 26juin 2016         13° dim. du T.O. année C

(Jubilé de 50 ans de prêtrise des abbés Dominique et Gérard Dewailly)

 

Il nous est assez facile de rejoindre les disciples qui cheminent avec Jésus vers Jérusalem, de voir les visages des personnes rencontrées, d’entendre des paroles de refus dans une région peu hospitalière. Mais reconnaissons pourtant qu’il nous est habituellement moins facile d’accepter que Jésus nous entraîne derrière lui quand il monte à Jérusalem pour y vivre sa passion. Pouvons nous dire avec cet homme rencontré en chemin : «  je te suivrai partout où tu iras » ? Le jubilé qui nous réunit est l’occasion de nous poser quelques questions sur la façon dont nous sommes disciples, chacun à notre place, en fonction de notre vocation particulière.

Une rencontre, un déclic possible...

L’histoire biblique et l’évangile fourmillent d’exemples où une rencontre suscite surprise et questionnement, Élisée qui « se lève et part à la suite d’Élie », mais aussi des épisodes qui nous sont plus familiers : l’appel des premiers disciples, Zachée le collecteur d’impôts, la femme de Samarie près du puits de Jacob, etc... Chacun réagit à cause d’une parole ou d’une attitude. Dans l’évangile aujourd’hui, la rencontre se passe pourtant mal : les samaritains refusent d’accueillir le groupe des disciples envoyés par Jésus en élément précurseur. Les raisons de s’opposer étaient nombreuses hier entre juifs et samaritains comme elles le sont de nos jours encore entre les populations qui habitent le pays de Jésus. Nous avons tous fait un jour l’expérience de n’être pas reçu ; c’est une épreuve pour toutes celles et ceux qui ont à cœur de partager la parole qui nous habite, le message de l’évangile.

Une colère qui appelle la patience...

Devant le refus des Samaritains, Jésus se montre calme dans ses propos, il est pacifié, libre et passe son chemin. A l’opposé, les disciples Jacques et Jean aimeraient bien en découdre avec ceux qui font obstacle à leur projet. Ce jour-là, l’imprévu occasionne d’autres rencontres, d’autres appels. C’est l’expérience qui est aussi la nôtre parce que nous croyons que le Christ ressuscité nous accompagne sur nos chemins de vie qui sont parfois des chemins de croix. Cela nous permet de traverser épreuves et joies intenses, le quotidien banal et les enthousiasmes. Les prêtres ne sont pas les seuls à vivre l’épreuve de l’opposition et du refus mais aussi l’exigence de la fidélité au jour le jour : les couples et les familles, les personnes engagées dans une responsabilité sociale ou municipale, les enseignants confrontés à des jeunes en recherche...

Dans l’exhortation apostolique consacrée à la famille, « La joie de l’amour », le pape François signale (n°162) qu’il n’est pas possible que les prêtres vivent un « célibat confortable » qui les enfermerait dans une sorte de bulle protectrice. Nous sommes partie prenante, avec toute l’Église, de ce qui fait la vie des « hommes de ce temps » comme le rappelle dans son préambule le document Gaudium et Spes du concile Vatican 2 en décembre 1965. Message qui a habité notre cœur quelques mois avant notre ordination, et qui doit orienter chaque jour le comportement de celles et ceux qui un jour ont dit à Jésus : « je te suivrai partout où tu iras ».

 

Devenir libres, comme le Christ, dans la fidélité...

Dans les oppositions qu’il rencontre et jusque dans sa passion, Jésus poursuit sans faiblir l’engagement qui le lie au Père. Dans la traversée des épreuves et des joies de nos vies, dans nos engagements au service de la famille, de la société ou de l’Église, son exemple nous rappelle qu’il est possible d’avancer en écoutant ce que dit St Paul dans sa lettre aux Galates : « c’est pour que nous soyons libres que le Christ nous a libérés » ... «  mettez-vous par amour au service les uns des autres ».

 

En ayant conscience de nos fragilités, de nos refus, de nos égoïsmes, Dominique et moi tenons à rendre grâces de l’appel reçu dans notre jeunesse grâce au témoignage de nos parents, de notre famille et de nos éducateurs. Mais nous offrons aussi comme un bouquet multicolore ce que nous avons pu semer et faire grandir depuis 50 ans : c’est grâce à vous qui êtes venus nombreux avec tous les compagnons de route, amis et collaborateurs, absents ce matin, qui nous ont encouragés dans nos ministères variés. Continuons ensemble notre mission commune sur les chemins  qui s’ouvrent devant nous. C’est à chacune et chacun de nous que Jésus dit, sous des formes variées : « toi, pars, et annonce le règne de Dieu ».

Que lui répondrons-nous ?

 

Abbé Gérard Dewailly.

Article publié par Doyenné cambrai • Publié le Jeudi 30 juin 2016 • 1619 visites

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