Homélie du pasteur Ivan Rakatovao

Extraits de l’homélie

 

De nombreuses mesures contre l'esclavage ont été prises par les autorités politiques et religieuses depuis le VIème siècle avant notre ère jusqu'à aujourd'hui. Au XXème siècle, une grande majorité des pays de la planète se sont prononcés pour l'abolition de l’esclavage. 

Pourtant, c'est avec effroi et stupeur que nous avons été frappés par les images venant de Lybie, montrant des êtres humains enchaînés et livrés au commerce.

Plus proche de nous, même, nous nous apercevons que de nouvelles formes d'esclavage se sont mises en place à mesure que nos sociétés se transforment (exploitation de femmes et d'enfants, addictions etc...)

 

Ce constat révèle la tension et la contradiction qui tiennent l'humanité dans l'écart qu'il peut y avoir entre la parole et les actes, les principes et les faits, notre propension à désirer le bon mais à vouloir le garder pour nous en étant incapables de nous ouvrir à une relation juste avec nos frères et sœurs en humanité.

 

En cette semaine de prière pour l'unité des chrétiens 2018, ce sont les Églises des Caraïbes qui nous interpellent et nous encouragent à travers les deux textes que nous avons lus (Ex 15 Cantique de Moïse et Mc 5, 1-20).

 

Premièrement, nous sommes appelés à rester vigilants, à veiller à ne pas nous endormir sur ce qui semble acquis : de nombreux combats ont été menés par ceux qui nous ont précédés et il nous incombe de les poursuivre afin de prendre soin de ceux qui nous entourent ; qu'ils soient nos frères et sœurs dans la foi, ou en humanité.

 

Deuxièmement, les chrétiens des Caraïbes nous rappellent l'expérience de libération qu'ils ont eux-mêmes vécue à travers la lecture de ces textes apportés par ceux là même qui les avaient enchaînés. C'est un message d'espérance pour nous et pour le monde : il n'y a pas de fatalité. En effet, au cœur de notre condition humaine, il nous est donné la possibilité de vivre autrement. Mais c'est aussi un rappel à nos propres tiraillements et faiblesses afin que nous ne devenions pas de simples donneurs de leçons de liberté, mais que nous prenions conscience de nos propres limites.

 

Être libre, c'est ne dépendre d'aucun maître. Le cantique de Moïse (Ex. 15) célèbre l'intervention de Dieu comme libérateur afin de manifester son projet pour l'humanité : rien sur cette terre ne viendra empêcher que vous deveniez ce que vous êtes appelés à être, libres.

 

L'autre texte nous parle de cet homme "que personne ne pouvait plus lier, même avec une chaîne, il rompait les chaînes et brisait les fers". Ce texte, dans un sens, nous parle du désir ardent et profond de vivre libre et d'être affranchi de toutes puissances : qu'elles soient physiques, morales, spirituelles ou bien la mort elle-même. La liberté adviendra pour cet homme par une rencontre avec le fils de Dieu, Jésus. Elle est un don de Dieu qui procure une force intérieure, permet de relever la tête, de faire face et de regarder son oppresseur avec la dignité et l'amour reçu de Dieu.

 

C'est à cette liberté que nous sommes appelés à vivre, à témoigner et à partager avec tous nos frères et sœurs.

 

 

Ivan Rakotovao, pasteur

Eglise Protestante Unie de France-Cambrésis

 

Article publié par Doyenné cambrai • Publié le Jeudi 25 janvier 2018 • 1490 visites

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