Homélie de Jacques Défossez,diacre

06 Juin 2021 – Messe pour Louis Francelle –

Dimanche du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ   

Evangile du dimanche (Mc 14, 12-16.22-26)

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Nous sommes maintenant revenus dans le temps ordinaire. La Parole de Dieu retentit dans notre quotidien. L’enjeu pour nous est de savoir vivre cet « aujourd’hui » dans la perspective de la Pâque du Seigneur, comme nous l’a montré tout le déploiement du temps pascal.

Aujourd’hui, nous en revisitons « le moyen privilégié », celui de notre communion à l’offrande eucharistique que le Seigneur fait de lui-même. Aussi nous allons voir, dans le texte de l’Evangile, quelle peut-être notre propre position, en prenant la place des disciples...
 

1/« Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs pour ton repas pascal ? »

Voilà la question que chacun peut adresser au Seigneur en considérant sa propre vie, où veux-tu que ta présence vienne prendre, et porter mon existence ?...

Ce lieu en nous où nous éprouvons le besoin ou le désir de ta présence, pour qu’il grandisse, pour qu’il résiste, pour qu’il devienne le lieu d’un plus grand amour, pour que je passe à toi parce que je me sens trop attaché à moi-même ou à des choses qui ne sont pas vraiment vivantes... Je ne puis rencontrer le Seigneur si je ne vais pas à lui avec ce qui me constitue... 

Alors je te dis où je désire que se prépare ton repas pascal : « en ma vie sans peur de ton jugement »

Tout cela nous dit que Jésus invite les disciples à se déplacer vers plus Haut.
Durant son dernier repas, Jésus va inviter ses amis à passer vers une autre vie; il va les inviter à "sortir" de leur vie étroite, limitée… pour marcher vers plus Haut, plus Grand, plus Abondant

2/ « Jésus prit du pain »

Le Seigneur s’est offert et nous donne la possibilité, en toutes nos situations, d’entrer nous-mêmes dans ce mouvement. Le Seigneur, au terme de son existence terrestre, a posé ce geste commun à l’humanité : prendre de sa nourriture pour l’offrir, pour signifier son existence, et aussi pour se donner à nous, nous pénétrer, nous nourrir, nous animer.

On a souvent l’habitude de présenter l’Eucharistie comme du pain qui devient le corps de Jésus, et du vin qui devient le sang de Jésus... Ce n’est pas faux ! mais, à mon avis, en faisant cela on présente le merveilleux sacrement de l’Eucharistie “à l’envers”.

L’Eucharistie ce n’est pas tant du pain qui devient le Corps de Jésus, que Jésus qui se fait notre pain…  Ce n’est pas tant du vin qui devient le Sang de Jésus, que Jésus qui se fait notre vin…   et ce, pour être consommé et alimenter les membres de son Corps, que nous sommes depuis le jour de notre baptême, afin de continuer, par nous, de donner la vie au monde.

Le premier de ses gestes est celui de la bénédiction : dire du bien, reconnaître ce qui est.

Le Seigneur reprend ce que nous lui apportons, accuse réception du don que nous lui faisons, en dit toute la valeur, le poids d’humanité, que cela nous semble beau ou moins beau à offrir...

Ce qu’il reçoit, ce qu’il prend, il nous le redonne... et nous le recevons, nous pouvons le prendre différemment, entrer nous-mêmes dans une nouvelle offrande, une nouvelle manière de recevoir ce que nous avons offert... nous entrons dans la vraie liberté, celle qui considère la relation entre le Seigneur et nous...

3/  « Je ne boirai plus du fruit de la vigne »

Il y a cette rupture, à ce moment il monte vraiment vers Dieu, il s’arrache, il quitte...

Mais en chacun de nos moments de vie, il y a une partie appelée à subsister… C’est celle qui passe avec le Seigneur, où Jésus nous donne de passer à lui, dans le quotidien de nos jours, il nous propose, il nous appelle à son passage, à nous rapporter justement à notre vie, à faire que tout soit ordonné à une relation avec Lui, à l’ouverture à l’amour, jour après jour.

IL nous aide à voir autrement, à choisir à partir de ce qui compte vraiment…

Alors, nous aussi nous sommes appelés au banquet !

Chaque instant, selon la manière dont nous le vivons, nous oriente vers le banquet.

Ce mystère est grand qui nous fait passer à Dieu dans l’épaisseur de nos jours... Chaque jour est un appel pour vivre ce passage, 

Chaque jour le Seigneur vient épouser nos vies pour nous aider à les vivre en Lui !

Et pour cela, il s’agit pour nous d’offrir le lieu du repas, du passage, de quitter ce qui doit être quitté, il fera le reste, n’en doutons pas... 

4/ “Faites ceci en mémoire de moi” 

Jésus nous invite à devenir le pain de nos frères pour que le monde ait la vie.

Il ne s’agit plus de vivre de Jésus” mais “en Lui”  Vivre dans l’amour et le partage en donnant notre vie.  C’est bien ce qu’à vécu Louis dans ce quartier Amérique…  « Vivre dans l’amour et le partage, écouter, consoler, réconforter, soulager … tout simplement « Aimer »

Cela ne veut pas dire se contenter de donner son superflu, à ceux qui n’ont rien… Cela ne s’arrête pas à une pensée émue pour ceux qui ont faim au moment de Noël ou de Pâques quand nos appareils digestifs sont eux-mêmes mis à rude épreuve… ou quand les nouvelles nous font part d’une famine ou d’une catastrophe ici ou là à travers le monde…

Non, Aimer comme Louis…  il s’agit bien de donner sa vie… ici et aujourd’hui ! Non pas donner de notre vie, mais donner notre vie…

Louis l’a donnée entièrement dans le lien tissé jour après jour dans un lieu de vie qu’il a choisi : son quartier…

Que cette fête du Corps et du Sang du Christ, cette fête de l’Eucharistie nous fasse mieux connaître le Dieu qui nous aime et nous considère comme ses propres enfants.

Recevoir le Christ en nous, c’est accepter de voir notre vie transformée et régénérée par Lui…

Amen

Article publié par Doyenné cambrai • Publié le Jeudi 10 juin 2021 • 476 visites

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