L'archevêque Fénelon scruté par l'historien

Christophe LEDUC

 

Christophe Leduc est maître de conférences en histoire moderne à l’Université d’Artois. Il entame la série de conférences de Carême de 2015 dans le doyenné de Cambrai, devant le public de la salle des têtes de la Maison paroissiale.

 

FENELON ARCHEVÊQUE DE CAMBRAI

1695 – 1715

 

Il existe peu d’écrits pour relater la vie de Fénelon, durant les 20 ans qu’il a passés dans son archidiocèse de Cambrai, peu d’études postérieures non plus. Les « sources » de l’historien ne sont guère abondantes.

En 1995 (tricentenaire de l’arrivée à Cambrai), s’est tenu un colloque majeur pour l’étude de Fénelon, elle a permis de mieux comprendre le contexte diocésain dans lequel il a vécu.

 

1 . Sa famille possède un réseau influent à la cour : en 1689, Louis XIV le promeut précepteur, de ses petits-fils  –fonction importante sur le plan scolaire mais surtout sur le plan humain-, puis le nomme à la tête d’un archevêché bien « rémunéré », celui de Cambrai. Cette ville n’est française que depuis 1677, et c’est la première fois qu’un roi français nomme un archevêque à Cambrai. Le diocèse est très vaste, mais riche, bien que meurtri par les guerres entre France et des Pays-Bas espagnols.

Grâce à ses prédécesseurs, dont Mgr Van den Burch (évêque de 1616 à 1644), le diocèse est en bon ordre de marche. Il est bien structuré grâce à une administration bien installée. Il comporte de nombreuses paroisses et beaucoup de prêtres.

Fénelon sait bien choisir les hommes qui l’entourent parmi les chanoines locaux et les membres de sa propre famille.

 

2 . L’une des priorités du dispositif pastoral de Fénelon est la formation des hommes d’Eglise, il veut moraliser le clergé séculier, il mène une lutte obstinée contre les jansénistes. Il laisse une place importante aux laïcs, mais il en reste distant. Son action pastorale est en demi-teinte, il est méfiant vis-à-vis des associations de confréries, réfractaire aux manifestations populaires. Cependant, il visite son diocèse.

 

3 . Quelle est la portée de son épiscopat ?

Il a un rôle temporel politique, il est duc de Cambrai et prince du saint-Empire. Il bénéficie d’un réseau d’influence grâce aux chanoines qui s’occupent de l’eau, des routes, de l'échevinage municipal…son neveu, l’abbé de Beaumont se charge du temporel.

La guerre sévit sur le diocèse et Fénelon cherche à restaurer la paix. Il accueille beaucoup de gens de passage, les blessés de la bataille de Malplaquet (près de Mons) en 1709, dans son palais épiscopal, il s’engage pour la paix mais il n’est pas écouté.

Fénelon, en tant qu’archevêque compte sur ses collaborateurs qui sont très efficaces.

Il vit 9 mois sur 12 à Cambrai, où il mène une vie simple, humble.

Fénelon est un évêque d’action mais pas de terrain, ni d’organisation, il demeure un intellectuel.

 

Et Christophe Leduc de conclure :

 

Il reste des secteurs obscurs, il y a peu d’archives, elles sont dispersées. La rechercher su Fénelon devrait bénéficier du progrès scientifique. Un nouvel ouvrage « les visages de Fénelon » vient de paraître et une thèse se prépare sur sa rhétorique.

 

Fénelon est un homme d’action engagé, théologien, brillant polémiste qui a mis en pratique ses idées. Son activité pastorale est ordinaire, il est bourré de talents même si le bilan d’archevêque est mitigé.

 

S’ensuivirent de riches échanges entre « experts » de Fénelon

Article publié par Doyenné cambrai • Publié le Lundi 23 mars 2015 • 4762 visites

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